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CHAPITRE LIX[1]


Depuis le commencement de la session, le métier de Lucien était fort amusant. M. des Ramiers, le plus moral, le plus fénelonien des rédacteurs du journal ministériel par excellence, récemment nommé député à Escorbiac, dans le Midi, à une majorité de deux voix, faisait une cour assidue au ministre et à madame la comtesse de Vaize. Sa morale douce et conciliante avait fait la conquête de M. de Vaize et presque celle de Leuwen.

« C’est un homme sans vues politiques, se disait celui-ci, qui prétend concilier des choses incompatibles. Si les hommes étaient aussi bons qu’il les fait, la gendarmerie et les tribunaux seraient inutiles, mais son erreur est celle d’un bon cœur. »

Lucien le reçut donc très bien quand il vint, un matin, lui parler d’affaires.

Après un préambule du plus beau style et qui occuperait bien huit pages s’il était transcrit ici, M. des Ramiers exposa qu’il

  1. Tourte.