sobre, et je ne voudrais pas jurer qu’il ne fut pas question entre ces deux ministres irrités de susciter un duel fatal à Lucien.]
Ce qui faisait la nouveauté et le succès de la position de M. Leuwen, c’est qu’il donnait à dîner à ses collègues avec son argent, ce qui, de mémoire de Chambre, n’était encore arrivé à personne. M. Piet, jadis, avait eu un dîner célèbre, mais l’État payait.
Le surlendemain du succès de M. Leuwen, le télégraphe apporta d’Espagne une nouvelle qui devait probablement faire baisser les fonds. Le ministre hésita beaucoup à faire donner l’avis ordinaire à son banquier.
« Ce serait un nouveau triomphe pour lui, se dit M. de Vaize, que de me voir piqué au point de négliger mes intérêts… Mais halte-là ! Serait-il capable de me trahir ? Il n’y a pas d’apparence. »
Il fit appeler Lucien et, sans presque le regarder en face, lui donna l’avis à transmettre à son père. L’affaire se fit comme à l’ordinaire, et M. Leuwen en profita pour envoyer à M. de Vaize, le surlendemain, après le rachat des rentes, le bénéfice de cette dernière opération et le restant de bénéfice des trois ou quatre opérations précédentes, de telle sorte qu’à quelques centaines de francs près, la