offenser leur amour-propre ; quoique cédant en tout et partout, il n’y réussissait pas toujours. Il avait un coin de bouche moqueur qui les effarouchait, deux ou trois trouvèrent qu’il avait l’air de se moquer d’eux et s’éloignèrent de ses dîners. Il les remplaça heureusement par ces députés à trois fils et quatre filles, et qui prétendent bien placer leurs fils et leurs gendres.
Un mois à peu près après l’ouverture de la session et après une vingtaine de dîners, il jugea sa troupe assez aguerrie pour la mener au feu. Un jour, après un excellent dîner, il les fit passer dans une chambre à part et voter gravement sur une question de peu d’importance que l’on devait discuter le lendemain. Malgré toute la peine qu’il se donna, à la vérité d’une façon très indirecte et avec beaucoup de prudence, pour faire comprendre de quoi il s’agissait à ses députés, au nombre de dix-neuf, douze votèrent pour le côté absurde de la question. M. Leuwen leur avait promis d’avance de parler en faveur de l’opinion de la majorité. À la vue de cette absurdité, il eut une faiblesse humaine, il chercha à éclairer sa majorité par des explications qui durèrent une bonne heure et demie ; il fut repoussé avec perte, ses députés lui parlèrent conscience. Le