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CHAPITRE LV


Leuwen avait à peu près deviné. Le comte de Vaize le reçut avec sa politesse ordinaire, mais ne lui fit aucune question sur les élections, aucun compliment sur son voyage ; il le traita absolument comme s’il l’avait vu la veille[1].

« Il a de meilleures façons qu’à lui n’appartient ; depuis qu’il est ministre il voit bonne compagnie au Château. »

Mais après cette lueur de raisonnement juste, Leuwen retomba bientôt dans cette sottise de l’amour du bien, au moins dans les détails. Il avait fait quelques phrases qui résumaient les observations utiles faites pendant son voyage ; il eut besoin de faire effort sur soi-même pour ne pas dire au ministre des choses si évidemment mal et si faciles à faire aller bien. Il n’avait aucun intérêt de vanité, il savait quel juge c’était que M. de Vaize dans tout ce qui, de près ou de loin, tenait à la

  1. Modèle : Dominique reçu par M. de Saint-Aulaire après Ancône.