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Sept fois de suite, Leuwen sut le rappeler à la question, mais toujours en termes extrêmement polis, et qui même impliquaient le respect de lui, Leuwen, pour l’âge de M. l’abbé Le Canu, qu’il semblait séparer entièrement des doctrines, des croyances et des prétentions de son parti. Une fois, Leuwen laissa prendre un petit avantage sur lui, mais il sut réparer cette faute sans se fâcher.

« Il faut que je sois attentif, ici, comme dans un duel à l’épée. »

Enfin, après cinquante minutes de discussion, l’abbé Le Canu prit un air extrêmement hautain et impertinent.

« Mon homme va conclure », pensa Leuwen. En effet, l’abbé dit :

— Il est trop tard.

Mais, au lieu de rompre la conférence il chercha à convertir Leuwen. Notre héros se sentit fort à son aise.

« Maintenant, je suis sur la défensive. Tâchons d’amener l’idée d’argent et de séduction personnelle. »

Leuwen ne se défendit pas avec trop d’obstination. Il lui arriva de parler des millions de son père ; il remarqua que ce fut la seule et unique chose qui fit impression sur l’abbé Le Canu.

— Vous êtes jeune, mon fils ; permettez-moi ce nom, qui emporte l’expression de