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mais si pour son exécution, dont à vous seul appartient la responsabilité, vous me faites des questions, je suis prêt à répondre.

— Mon général, je vais écrire le dialogue que nous venons d’avoir ensemble, je le signerai et vous le remettrai.

— Nous en ferons deux copies, comme pour une capitulation.

— Convenu. Quels sont donc les moyens d’exécution ? Comment puis-je parvenir à M. Le Canu sans l’effrayer ?

Le général Fari réfléchit quelques minutes.

— Vous ferez appeler le président Donis d’Angel, ce bavard impitoyable, lequel ferait pendre son père pour avoir la croix. Il va venir ici, vous n’aurez pas à le faire appeler. Je vous conseillerais de lui faire lire vos instructions, de lui faire remarquer que le ministre a une telle confiance en vous qu’il vous a chargé de faire vous-même vos instructions, etc., etc. Une fois que Donis d’Angel, qui n’est pas mal méfiant, vous croira bien avec le ministre, il n’aura rien à vous refuser. Il l’a bien montré dans le dernier procès pour délit de presse, où il a fait preuve d’une si insigne mauvaise foi[1] qu’il s’est fait huer des petits garçons de la ville.

  1. Insigne est bien noble pour Fari.