Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après avoir longuement discuté sur les moyens de ménager la vanité maladive de ce fonctionnaire éminent, il fut convenu que le général et Leuwen lui écriraient chacun de leur côté. Le général Fari avait un zèle franc et actif. On écrivit sur-le-champ, et le valet de chambre du général porta les deux lettres à la préfecture. Le préfet fit entrer le valet de chambre et le questionna beaucoup ; cette union de Leuwen et du général le mettait au désespoir. Il répondit par écrit aux deux lettres qu’il était indisposé et au lit.

Les visites du lendemain convenues, on arrêta la liste des visités. Le petit capitaine Ménière fut appelé de nouveau et passa dans une chambre voisine pour dicter à Coffe un mot sur chacun de ces messieurs à visiter le lendemain. Le général et Leuwen se promenaient en silence, cherchant quelque moyen de sortir d’embarras.

— Le ministre ne peut plus nous être d’aucun secours : il est trop tard.

Et le silence continuait.

— Sans doute, mon général, à l’armée vous avez souvent hasardé de faire charger un régiment quand la bataille était perdue aux trois quarts. Nous sommes dans le même cas, que pouvons-nous perdre ? D’après ces derniers rapports