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de Thémines une fois la semaine ou chez lui ou chez elle, pensa qu’il fallait auprès d’elle prendre le rôle de père au sérieux. Il alla plus loin, il jugea qu’à son âge il pouvait entreprendre de la tromper net et de supprimer, dans l’histoire de son fils, le nom de madame de Chasteller. Il fit des aventures de son fils une histoire fort jolie et, après avoir amusé madame de Thémines pendant toute la fin d’une soirée, finit par lui avouer des inquiétudes sérieuses sur son fils qui, depuis trois mois qu’il était admis dans le salon de madame Grandet, était d’une tristesse mortelle ; il craignait un amour pris au sérieux, ce qui dérangerait tous ses projets pour ce fils chéri. Car il faut le marier… Etc.

— Ce qu’il y a de singulier, lui dit madame de Thémines, c’est que depuis son retour d’Angleterre madame Grandet est fort changée ; il y a aussi du chagrin dans cette tête-là.

Mais, pour prendre les choses par ordre, voici ce que M. Leuwen apprit de mesdames de Thémines et Toniel, qu’il vit séparément et ensuite réunies, et nous y ajouterons tout de suite ce que des mémoires particuliers nous ont appris sur cette femme célèbre[1]

  1. [Pilotis. — M. Leuwen n’a pas besoin d’agir sur ce que nous avons appris par nos mémoires secrets. Ce qu’il