Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XLVI


Enfin, comme onze heures trois quarts sonnaient, Lucien remonta dans son cabriolet. Il s’aperçut qu’il mourait de faim : il n’avait pas dîné et presque toujours parlé.

« Actuellement, il faut chercher mon ministre. »

Il ne le trouva pas à l’hôtel de la rue de Grenelle. Il écrivit un mot, fit changer le cheval du cabriolet et le domestique, et alla au ministère des Finances ; M. de Vaize en était sorti depuis longtemps.

« C’est assez de zèle comme cela, pensa Lucien. » Et il s’arrêta dans un café pour dîner. Il remonta en voiture après quelques minutes et fit deux courses inutiles dans la Chaussée d’Antin. Comme il passait devant le ministère des Affaires étrangères, il eut l’idée de faire frapper. Le portier répondit que M. le ministre de l’Intérieur était chez Son Excellence.

L’huissier ne voulait pas annoncer Leuwen et interrompre la conférence des deux Excellences. Lucien, qui savait qu’il