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tombée. La gaieté gagna si bien tout le monde et l’on se trouva si bien ensemble que mademoiselle Théodelinde songea à la grande calèche de M. Leuwen, de laquelle on se servait sans façon ; elle alla parler bas à sa mère.

— Allons au Chasseur vert, dit-elle ensuite tout haut[1].

Cette idée fut approuvée par acclamation. Madame de Chasteller était si triste chez elle qu’elle n’eut pas le courage de se refuser cette promenade. Elle prit dans sa voiture deux des demoiselles de Serpierre, et tous ensemble on alla à un joli café établi à une lieue et demie de la ville, au milieu des premiers grands arbres de la forêt de Burelviller. Ces sortes de cafés dans les bois, où l’on trouve ordinairement le soir de la musique exécutée par des instruments à vent, et la facilité avec laquelle on y va, sont un usage allemand qui, heureusement, commence à pénétrer dans plusieurs villes de l’est de la France.

Dans les bois du Chasseur vert, la gaieté douce et la bonhomie de la conversation furent extrêmes. Pour la première

  1. Promenade au Chasseur vert.