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pas de duel avec ces messieurs. Vous sentez quel immense avantage pour eux, et comme le général N… triompherait de mon pauvre ministère.

— Je vous réponds que je n’aurai pas de duel, du moins du vivant de Kortis.

— Ceci est l’affaire du jour. Dès que vous aurez fait ce qui est possible, cherchez-moi partout. Voici mon itinéraire. Dans une heure, j’irai aux Finances, de là chez…, chez… Vous m’obligerez sensiblement en me tenant au courant de tout ce que vous ferez.

— Votre Excellence m’a-t-elle mis au courant de tout ce qu’elle a fait ? dit Lucien d’un air significatif.

— D’honneur ! dit le ministre. Je n’ai pas dit un mot à Crapart. De mon côté, je vous livre l’affaire vierge.

— Votre Excellence me permettra de lui dire, avec tout le respect que je lui dois, que dans le cas où j’aperçois quelqu’un de la police, je me retire. Un tel voisinage n’est pas fait pour moi.

— De ma police, oui, mon cher aide de camp. Mais puis-je être responsable envers vous des sottises que peuvent faire les autres polices ? Je ne veux ni ne puis rien vous cacher. Qui me répond qu’aussitôt après mon départ on n’a pas donné la même commission à un autre ministre ?