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« C’est un homme, et un homme ferme, pensa-t-il. Tant mieux ! J’en maudirai moins l’effroyable paresse de son père. Nos affaires de télégraphe sont enterrées à jamais, et je puis en conscience fermer la bouche à celui-ci par une préfecture. Ce sera une façon fort honnête de m’acquitter avec le père, s’il ne meurt pas d’indigestion d’ici là, et en même temps de lier son salon. »

Ces réflexions furent faites plus vite qu’elles ne sont lues.

Le ministre prit le ton le plus mâle et le plus généreux qu’il put. Il avait vu la veille la tragédie d' Horace de Corneille, fort bien jouée.

« Il faut se rappeler, pensa-t-il, des intonations d’Horace et de Curiace s’entretenant ensemble après que Flavian[1] leur a annoncé leur combat futur. »

Sur quoi le ministre, usant de sa supériorité de position, se mit à se promener dans son cabinet, et à se dire :

(Ici deux vers)

Lucien avait pris son parti.

« Tout retard, se dit-il, est un reste d’incertitude ; et une lâcheté, pourrait ajouter une langue ennemie. »

  1. Stendhal, dont la mémoire est infidèle écrit Fabien, N. D. L. E.