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voulut être menée dans le monde et, sous ce prétexte, elle força son amie à paraître presque chaque soir chez mesdames de Puylaurens, d’Hocquincourt, de Marcilly, de Serpierre, de Commercy, etc.

Madame de Constantin voulait bien établir que madame de Chasteller n’était pas au désespoir du départ de M. Leuwen.

« Sans s’en douter, se disait-elle, cette pauvre Bathilde aura commis quelque imprudence. Et si nous ne détruisons pas ce mauvais bruit ici, il peut nous poursuivre jusqu’à Paris. Ses yeux sont si beaux qu’ils en sont parlants malgré elle,

E sotto l’usbergo del sentirsi pura

ils auront regardé ce jeune officier avec un de ces regards qu’aucune explication au monde ne peut justifier. »

En voiture, un soir, en allant chez madame de Puylaurens :

— Quel est l’homme le plus actif, le plus impertinent, le plus influent de toute votre jeunesse ? dit madame de Constantin.

— C’est M. de Sanréal sans doute, répondit madame de Chasteller en souriant.

— Eh bien ! je vais attaquer ce grand cœur dans ton intérêt. Dans le mien, dis-moi, dispose-t-il de quelques voix ?