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LUCIEN LEUWEN



SECONDE PARTIE.


Lecteur bénévole,


En arrivant à Paris, il me faut faire de grands efforts pour ne pas tomber dans quelque personnalité. Ce n’est pas que je n’aime beaucoup la satire, mais en fixant l’œil du lecteur sur la figure grotesque de quelque ministre, le cœur de ce lecteur fait banqueroute à l’intérêt que je veux lui inspirer pour les personnages. Cette chose si amusante, la satire personnelle, ne convient donc point, par malheur, à la narration d’une histoire. Le lecteur est tout occupé à comparer mon portrait à l’original grotesque, ou même odieux, de lui bien connu ; il le voit sale ou noir, comme le peindra l’histoire.

Les personnalités sont charmantes quand elles sont vraies et point exagérées, et c’est une tentation que ce que nous voyons