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messieurs, qui n’avaient ni zèle, ni fantaisie, ni dévouement, étaient bien aises, au fond, de laisser se compromettre ce bourgeois hardi et grossier, sauf à se brouiller avec lui et à tâcher de le jeter au bas de l’échelle, s’il y avait succès quelconque ou troisième restauration.

Du Poirier n’avait nulle haine contre Leuwen ; mais dans son ardeur de faire, puisqu’il s’était chargé de le faire déguerpir, il voulait, et voulait fermement, en venir à bout.

Le premier jour, lorsqu’il demanda deux commissaires à la réunion Sanréal, le second lorsqu’il se débarrassa de la curiosité inquiète de ces deux commissaires, il n’avait encore aucun plan bien arrêté. Celui qu’il suivit ne se présenta à lui que par parties successives, et à mesure qu’il se persuada que laisser avoir lieu ce duel qu’il avait défendu au nom du roi serait une défaite marquée, un fiasco pour sa réputation et son influence en Lorraine dans la moitié jeune du parti.

Il commença par confier, sous le sceau du secret, à mesdames de Serpierre, de Marcilly et de Puylaurens que madame de Chasteller était plus malade qu’on ne le pensait, et que sa maladie serait longue tout au moins. Il engagea madame de Chasteller à souffrir un vésicatoire à la