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commencèrent à trouver fort incommode ce petit étranger grâce auquel madame d’Hocquincourt n’écoutait plus un seul mot de tout ce qu’on pouvait lui dire. Ces messieurs aimaient à parler un quart d’heure tous les soirs à cette femme si jeune, si appétissante, si bien mise. M. d’Antin ni aucun de ses prédécesseurs n’avaient donné à madame d’Hocquincourt la mine froide et distraite qu’elle avait maintenant en écoutant leurs propos galants.

« Il nous confisque cette jolie femme, notre unique ressource, disait le grave M. de Puylaurens. Impossible de faire avec une autre une partie de campagne passable. Or, maintenant, quand on propose une course, au lieu de saisir avec enthousiasme une occasion de faire trotter des chevaux, madame d’Hocquincourt refuse tout net. »

Elle savait bien qu’avant dix heures et demie Leuwen n’était pas libre. D’ailleurs, M. d’Antin savait tout mettre en train, la joie redoublait dans les lieux où il paraissait, et Leuwen, sans doute par orgueil, parlait fort peu et ne mettait rien en train. C’était un éteignoir.

Telle commençait à être sa position, même dans le salon de madame d’Hocquincourt, et il n’avait plus pour lui absolument que l’amitié de M. de Lanfort et