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avait persuadé de revenir à la géométrie, qui d’ailleurs peut être utile à un militaire, il acheta des livres, et quinze jours après découvrit par hasard que Leuwen était précisément l’homme fait pour le diriger. Il avait bien songé à M. Gauthier, mais M. Gauthier était un républicain ; mieux valait cent fois renoncer au calcul intégral. On avait sous la main M. Leuwen, homme charmant et qui venait tous les soirs dans l’hôtel. Car voici ce qui s’était établi.

À dix heures ou dix heures et demie au plus tard, la décence et la peur de mademoiselle Bérard forçaient Leuwen à quitter madame de Chasteller. Leuwen était peu accoutumé à se coucher à cette heure ; il allait chez madame d’Hocquincourt. Sur quoi il arriva deux choses : M. d’Antin, homme d’esprit, qui ne tenait pas infiniment à une femme plutôt qu’à l’autre, voyant le rôle que madame d’Hocquincourt lui préparait, reçut une lettre de Paris qui le força à un petit voyage. Le jour du départ, madame d’Hocquincourt le trouva bien aimable ; mais, à partir du même moment, Leuwen le devint beaucoup moins. En vain, le souvenir des conseils d’Ernest Dévelroy lui disait : « Puisque madame de Chasteller est une vertu, pourquoi ne pas avoir une maîtresse en deux volumes ?