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d’Hocquincourt, il avait écrit à M.***, chanoine de xxx, à Paris. Cette lettre avait été renvoyée à un vicaire de la paroisse sur laquelle résidait la famille de Leuwen, et M. Rey attendait chaque jour une réponse détaillée.

Par les soins du même M. Rey, Leuwen vit tomber son crédit dans la plupart des salons où il se présentait. Il y fut peu sensible, et ne s’arrêta même pas trop à cette idée, car le salon d’Hocquincourt faisait exception, et une brillante exception. Depuis le départ de M. d’Antin, madame d’Hocquincourt avait si bien fait que son tranquille mari avait pris Leuwen en amitié particulière. M. d’Hocquincourt avait su un peu de mathématiques dans sa jeunesse ; l’histoire, loin de le distraire de ses idées noires sur l’avenir, l’y replongeait plus avant.

« Voyez les marges de l’Histoire d’Angleterre de Hume ; à chaque instant, vous y lisez une petite note marginale, disant : N. se distingue, Ses actions, Ses grandes qualités, Sa condamnation, Son exécution. Et nous copions cette Angleterre ; nous avons commencé par le meurtre d’un roi, nous avons chassé son frère, comme elle son fils. » Etc., etc.

Pour éloigner la conclusion qui, revenant sans cesse : la guillotine nous attend, lui