Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Voilà mon bouclier contre le ridicule. Attaquons ! »

Il se pencha vers madame d’Hocquincourt et lui dit tout bas :

— Ce qu’il pense de M. de Calonne qu’il regrette tant, je le pense, moi, de notre joli tête-à-tête de l’autre jour. Je fus bien gauche de ne pas profiter de l’attention sérieuse que je lisais dans vos yeux pour essayer de deviner si vous voudriez de moi pour l’ami de votre cœur.

— Tâchez de me rendre folle, je ne m’y oppose pas », dit madame d’Hocquincourt d’un air simple et froid. Elle le regardait en silence avec beaucoup d’attention et une petite moue philosophique charmante. Sa beauté, en ce moment, était relevée par un petit air de grave impartialité, délicieux.

— Mais, ajouta-t-elle, quand il eut fait tout son effet, comme ce que vous me demandez n’est point un devoir, au contraire, tant que je ne serai pas folle de vos beaux yeux, mais folle à lier, n’attendez rien de moi.

Le reste de la conversation à mi-voix répondit à un début aussi vif.

M. de Serpierre cherchait toujours à engager Leuwen dans ses raisonnements. Lucien l’avait accoutumé à beaucoup de complaisance de sa part quand il se ren-