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DEUXIÈME PRÉFACE[1]

Racine était un hypocrite lâche et sournois, car il a peint Néron ; tout comme Richardson, cet imprimeur puritain et envieux, était sans doute un admirable séducteur de femmes, car il a fait Lovelace. L’auteur du roman que vous allez lire, ô lecteur bénévole, si vous avez beaucoup de patience, est un républicain enthousiaste de Robespierre et de Couthon. Mais, en même temps, il désire avec passion le retour de la branche aînée et le règne de Louis XIX. Mon éditeur m’a assuré qu’on m’imputerait toutes ces belles choses, non par malice, mais en vertu de la petite dose d’attention que le Français du dix-neuvième siècle accorde à tout ce qu’il lit. Ce sont les journaux qui l’ont mis là.

Pour peu qu’un roman s’avise de peindre les habitudes de la société actuelle, avant d’avoir de la sympathie pour les personnages, le lecteur se dit : « De quel parti

  1. Écrite probablement le 28 septembre 1836 ; se trouve, de la main de Stendhal, en tête du manuscrit R. 5.896, tome XIII, pp.  1 et 2. N. D. L. É.