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trouva un désir passionné de voir madame de Chasteller. Il ne doutait nullement de son cœur.

« Un regard m’a tout dit, se répétait-il quand le bon sens qui lui était naturel voulait élever quelque objection. Et plût à Dieu qu’il fût moins facile de lui plaire ! Ce n’est pas de cela que je me plaindrais ! »

Enfin, cinq jours après le bal, qui parurent cinq semaines à Leuwen, il rencontra madame de Chasteller chez madame la comtesse de Commercy. Madame de Chasteller était ravissante, sa pâleur naturelle avait disparu à la voix du laquais annonçant : M. Leuwen. Lui, de son côté, pouvait à peine respirer. Toutefois, la parure de madame de Chasteller lui parut trop brillante, trop gaie, de trop bon goût. Il est vrai que madame de Chasteller était mise à ravir, comme il faut pour plaire à Paris.

« Tant de soins pour une simple visite à une femme âgée rappellent un peu trop, se disait-il, le faible pour les lieutenants-colonels. »

Cependant, malgré l’amertume de cette censure, il ajoutait :

« Eh ! bien, je l’aimerai, mais sans conséquence. »

Pendant tous ces beaux raisonnements,