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à fait de cheveux ; mais il avait une vivacité étonnante et portait la grâce dans les manières jusqu’au genre doucereux. Ses ennemis à la cour lui appliquaient le vers de Boileau sur les romans de son époque :

Et jusqu’à je vous hais, tout s’y dit tendrement.

Madame de Chasteller, bien dirigée par un mari idolâtre des petits moyens qui font tant d’effet à la cour, fut bien reçue des princesses, et jouit bientôt d’une position fort agréable ; elle avait les loges de la cour aux Bouffes et à l’Opéra, et, l’été, deux appartements, l’un à Meudon et l’autre à Rambouillet. Elle avait le bonheur de ne s’occuper jamais de politique et de ne pas lire de journaux. Elle ne connaissait la politique que par les séances publiques de l’Académie française, auxquelles son mari exigeait qu’elle assistât, parce qu’il avait de grandes prétentions au fauteuil ; il était grand admirateur des vers de Millevoye et de la prose de M. de Fontanes.

Les coups de fusil de juillet 1830 vinrent troubler ces innocentes pensées.

En voyant le peuple dans la rue, c’était son mot, il se rappela les meurtres de MM. Foulon et Berthier, aux premiers jours de la Révolution. Il pensa que le