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tion, M. le marquis de Pontlevé fut au désespoir de se voir à Nancy et de n’être pas de la cour.

« Je vois se rétablir, disait-il, la ligne de séparation entre nous autres et la noblesse de cour. Mon cousin, de même nom que moi, parce qu’il est de la cour, viendra à vingt-deux ans commander, comme colonel, le régiment où, par grâce, je serai capitaine à quarante. » C’était là le principal chagrin de M. de Pontlevé, et il n’en faisait mystère à personne. Bientôt il en eut un second. Il se présenta aux élections de 1816, pour la Chambre des députés, et il eut six voix, en comptant la sienne. Il s’enfuit à Paris, déclarant qu’il quittait à jamais la province après cet affront, et emmenant sa fille, âgée de cinq ou six ans. Pour se donner une position à Paris, il sollicita la pairie. M. de Puylaurens, alors fort bien en cour, lui conseilla de placer sa fille au couvent du Sacré-Cœur ; M. de Pontlevé suivit ce conseil et en sentit toute la portée. Il se jeta dans la haute dévotion, et parvint ainsi, en 1828, à marier sa fille à un des maréchaux de camp attachés à la cour de Charles X. Ce mariage fut considéré comme très avantageux. M. de Chasteller avait de la fortune. Il paraissait plus âgé qu’il ne l’était, parce qu’il manquait tout