Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du devoir de sa fille, quoique élevée à Paris, de lui faire compagnie ; et, d’ailleurs, nous n’avons pas le bonheur de lui plaire.

Une dame, placée à côté de madame de Serpierre, ajouta des paroles amères, sur lesquelles madame de Serpierre renchérit encore.

« Mais, se disait Lucien, ceci est de l’envie toute pure ; ou la conduite de madame de Chasteller leur fournit-elle un heureux prétexte ? » Et il se rappela ce que M. Bouchard, le maître de poste, lui avait dit, le jour de son arrivée, au sujet de M. de Busant de Sicile, lieutenant-colonel au 20e de hussards.

Le lendemain matin, pendant toute sa manœuvre, Lucien ne put penser à autre chose qu’à son malheur de la veille… « Pourtant, monter à cheval est peut-être la seule chose au monde dont je m’acquitte bien. Je danse fort mal, je ne brille guère dans un salon ; c’est clair, la Providence a voulu m’humilier… Parbleu ! si je rencontre jamais cette jeune femme, il faut que je la salue ; mes chutes nous ont fait faire connaissance, et, si elle prend mon salut pour une impertinence, tant mieux, ce souvenir mettra quelque chose entre le moment présent et l’image de mes chutes ridicules. »