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avec leur air gauche et commun. Il se servit, pour ces vêtements nouveaux, d’un tailleur du pays. Cette circonstance, à laquelle il n’avait pas songé, fit le succès de sa plaisanterie ; elle lui fit beaucoup d’honneur dans la société, et madame de Commercy lui en adressa des compliments. Pour mesdames d’Hocquincourt et de Puylaurens, elles étaient folles de lui.

Lucien écrivit l’histoire des livrées à sa mère ; le colonel, de son côté, l’avait dénoncée au ministre : Lucien s’y attendait. Il crut remarquer vers cette époque que l’on prenait son mérite beaucoup plus au sérieux dans les salons de Nancy ; c’est que le docteur Du Poirier montrait les réponses de ses amis de Paris aux lettres par lesquelles il demandait des renseignements sur la position sociale et sur la fortune de la maison Van Peters, Leuwen et compagnie. Ces réponses avaient été on ne peut plus favorables. « Cette maison, lui disait-on, est du petit nombre de celles qui achètent, dans l’occasion, des nouvelles aux ministres, ou les exploitent de compte à demi avec eux. »

C’était particulièrement M. Leuwen père qui se livrait à ce mauvais genre d’affaires, qui ruinent à la longue, mais qui donnent des relations agréables et de l’importance. Il était au mieux avec les bureaux, et fut