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dresse ; mais il y a plus de naturel en province. »

La présentation à madame de Furonière à peine terminée, madame de Commercy envoya appeler Lucien pour le présenter encore à une dame qui arrivait. « Autant de visites à faire, se disait Lucien à chaque présentation. Il faut que j’écrive tous ces noms avec quelques détails héraldiques et historiques, sans quoi je les oublierai et je tomberai dans quelque maladresse épouvantable. Le fond de ma conversation avec toutes ces nouvelles connaissances sera de demander à ces dames, parlant à elles-mêmes, de nouveaux détails sur leur noblesse. »

Dès le lendemain, Lucien, en tilbury, et suivi de deux laquais à cheval, alla pour mettre des cartes chez les dames auxquelles il avait eu l’honneur d’être présenté la veille. À son grand étonnement, il fut reçu presque partout ; on voulait le voir de près, et toutes ces dames, qui savaient sa fortune, s’apitoyèrent infiniment sur sa blessure ; lui fut parfaitement convenable, mais arriva excédé d’ennui chez madame de Serpierre. Il se consolait un peu en songeant qu’il allait retrouver mademoiselle Théodelinde, la grande fille de la veille que d’abord il avait trouvée si laide.