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je la change. » En réalité, et la remarque est encore de lui, il supprime et récrit en 1835 la moitié de ce qu’il avait fait en 1834. Suivant sa propre expression, dans cet ouvrage il a « marché par voie de découverte successive et de perfectionnement graduel, (je n’aime pas ce style, non, non) ».

Ne nous arrêtons donc pas sur ces expressions un peu guindées échappées à la plume toujours extrêmement rapide, de Stendhal, et reconnaissons seulement que ces perfectionnements graduels sont des plus visibles sur les cinq volumes des manuscrits qui ne sont que ratures et corrections.

La bonne méthode pour lui était de relire chaque jour la dernière page écrite la veille et de repartir à bride abattue dans son improvisation. S’il lui arrivait de relire plus de deux pages en commençant la séance de travail, il en voyait les défauts, il les corrigeait, les récrivait même entièrement, et à ces remaniements usait tout son feu.

En règle générale il ne corrige un paragraphe qu’en le gonflant d’additions nouvelles, avec, il est vrai, l’intention de l’abréger plus tard, mais chaque fois qu’il y jette à nouveau la vue, bien loin de rien retrancher à son texte, il y ajoute toujours.

Il trace aussi beaucoup de plans, mais d’ordinaire assez courts et seulement de la partie où il arrive et non point d’un grand