Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une façon marquée la brillante madame d’Hocquincourt.

Malgré ses cheveux de mauvais augure, mademoiselle de Serpierre se trouva simple, raisonnable et même pas méchante, ce qui étonna fort Lucien. Après une demi-heure de conversation avec la mère et la fille, il les quitta à regret, pour suivre un conseil que madame de Serpierre venait de lui donner ; il alla prier madame de Commercy de le présenter aux autres dames âgées qui étaient dans le salon. Pendant l’ennui de ces conversations, il regardait de loin mademoiselle de Serpierre et la trouvait infiniment moins choquante. « Tant mieux, se dit-il, mon rôle en sera moins pénible ; il faut me moquer du docteur, mais le croire : je ne puis me tirer d’affaire dans cet enfer qu’en faisant la cour à la vieillesse, à la laideur et au ridicule. Parler souvent à madame d’Hocquincourt, hélas ! c’est trop de prétention pour moi, inconnu dans cette société et non noble. La réception qu’on me fait aujourd’hui est étonnante de bonté ; il y a là-dessous quelque projet. »

Madame de Serpierre fut si édifiée de la politesse de ce sous-lieutenant, qui, bientôt, revint se placer auprès de sa table de boston, qu’au lieu de lui trouver l’air jacobin et héros de Juillet (tel avait