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pagnie que Lucien apercevait dans les rues. « C’est un débris du siècle de la politesse, » se dit Lucien.

Madame de Commercy remarqua avec plaisir les regards d’admiration que Lucien jetait sur son jardin. Elle lui dit que son fils, qui avait habité douze ans de suite Hartwell (maison de Louis XVIII en Angleterre), en avait fait faire cette copie exacte et seulement un peu plus petite, comme il convient à un simple particulier. Madame de Commercy l’engagea à venir [se] promener quelquefois dans ce jardin.

— Plusieurs personnes y viennent et ne se croient point obligées, pour cela, à voir la vieille propriétaire : mon concierge a le nom des promeneurs.

Lucien fut touché de cette attention, et, comme c’était une âme bien née et que trop bien née, sa réponse exprima bien sa reconnaissance. Après cette offre faite avec simplicité, il n’était plus question pour lui de se moquer ; il se sentait renaître. Depuis plusieurs mois Lucien n’avait pas vu de bonne compagnie.

Lorsqu’il se leva pour prendre congé, madame de Commercy put lui dire, sans s’écarter du ton général de la conversation :

— Je vous avouerai, monsieur, que c’est pour la première fois que je vois dans mon salon la cocarde que vous portez ;