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pitres de début. Il ne pouvait du reste relire une seule ligne de son manuscrit sans être tenté de tout reprendre, et tout au long de son travail la correction a toujours marché parallèlement avec la création.

Beyle doit cependant s’arrêter du 16 mai au 22 juin 1835, car il souffre d’une attaque de goutte avec fièvre. Mais bientôt il se replonge avec délices dans ses remaniements et il s’y donne avec tant d’application que sa vue à son tour faiblit. Le Ier septembre il doit pour la première fois prendre des lunettes. Cet événement important est noté bien entendu en marge de son manuscrit avec croquis à l’appui. Mais soudain il s’arrête net. Le 23 novembre un nouveau projet vient de lui sourire : il va entreprendre de raconter sa vie : ce sera Henri Brulard. Il se permet d’autant plus volontiers cette diversion qu’il se rend compte qu’il ne pourra terminer son roman qu’à Paris, ne songeant au surplus à le publier qu’en 1839, après la fin de l’expérience actuelle, c’est-à-dire quand, d’après ses prévisions, il aura abdiqué son consulat ou quand la monarchie de juillet qu’il juge sans tendresse se sera écroulée.

Il revient du reste à Lucien Leuwen une dernière fois et on découvre qu’il y travaille quelque peu à Paris en septembre octobre 1836. Cette tentative demeura sans