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quand parfois sa santé exigeait quelques jours de repos. Il ne se porte plus très bien en effet : la fatigue souvent le congestionne et si le vin de Champagne le rend encore allègre, le café en revanche lui fait mal aux entrailles. Par les fortes chaleurs non plus il ne peut guère travailler.

En cette fin d’avril où il vient d’amputer son plan primitif et de ramener ses projets ambitieux à des proportions plus modestes, il mesure du regard l’effort accompli : il y a un peu moins d’un an qu’il s’est attelé à la tâche, et encore n’a-t-il réellement travaillé que deux cents jours. Ils lui ont suffi pour noircir cinq gros volumes reliés et d’ores et déjà : « la toile est couverte ».

Certes il reste beaucoup à faire et pas un instant Beyle ne songe à interrompre son labeur. Du moins il ne poussera pas plus outre son récit. Il se contente de revoir tout ce qu’il a écrit. Il rature, il surcharge, il déplace avec un soin méticuleux chaque chapitre, chaque paragraphe, chaque ligne, cherchant l’expression juste et le détail évocateur.

Il n’avait cependant pas attendu d’avoir terminé sa première rédaction pour entreprendre de la corriger. Avant la fin de juin 1834, moins de deux mois après avoir pris la plume, il avait déjà refait tous ses cha-