Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses personnages l’entraînaient dans une voie toute différente ? Faut-il raconter ainsi qu’il imagine un jour de rendre madame Grandet amoureuse de Lucien parce que celui-ci vient de l’abandonner pour madame de Chasteller ? On aurait alors assisté à une nouvelle brouille entre les deux amants, causée par le génie méchant de cette femme intrigante. En fait madame de Chasteller ne vient pas à Paris et le lecteur verra que la jalousie de madame Grandet naît de façon un peu différente. De même madame d’Hocquincourt ne quitte pas davantage Nancy, et Stendhal n’a pas à développer l’épisode auquel il songea un certain temps. Lucien serait devenu son amant sans coup férir, et un jour qu’il se promène avec elle « sur les collines de sable jaune près de Fontenay-aux-Roses (où je fus salué par Victor Hugo), madame de Chasteller les rencontre, madame d’Hocquincourt rougit jusqu’au blanc des yeux au lieu de la braver ».

En réalité, ces jolies scènes n’ont jamais été écrites, ni beaucoup d’autres que l’auteur indique de même en quelques mots à mesure que l’idée lui en vient. Mais l’agencement des épisodes, dans la tête de Stendhal, pouvait varier, de même que leur nombre, leur éclairage ou leur teneur, l’ouvrage pouvait être coupé en trois parties ou comprendre de nouvelles divisions, son