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tenter une peinture analogue du monde diplomatique. On aurait vu Lucien Leuwen, devenu secrétaire d’ambassade à Rome, faire la cour à la duchesse de Saint-Mégrin et troubler même cette puissante dame qui, par peur de l’enfer, le fait révoquer. Il se retire à Fontainebleau où la duchesse désespérée le rejoint bientôt. Mais celle [madame de Chasteller] qu’il a aimée en province d’un amour passionné reparaît devant lui, il découvre son innocence et l’épouse.

Nous aurions donc eu un grand roman d’amour à épisodes et en même temps la suite de cette histoire morale de la société de son temps que Stendhal a déjà esquissée dans le Rouge et le Noir et qu’il poursuivra encore avec Lamiel.

Pendant un an, à quelques différences de détails près, Stendhal ne s’évade guère de ce cadre. Tous les plans qu’il trace inépuisablement du 5 juin 1834 au 28 avril 1835 reprennent avec d’infimes variantes le même thème général. Ses retouches ne portent que sur la façon d’amener les grandes scènes et de donner plus de vie aux situations primordiales qui, elles, demeurent immuables.

Faut-il insister sur certaines idées, sommairement exprimées, et que l’auteur a été contraint d’abandonner à mesure qu’avançant dans la rédaction de son livre