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Pour la suite de son roman Beyle en a eu la révélation subite, nous venons de le voir, après trois jours de travail. L’histoire qu’il écrit ne sera pas seulement un épisode d’une vie de lieutenant en province, le héros sera ensuite successivement secrétaire d’un ministre à Paris, puis attaché d’ambassade à Rome. À la fin du livre il se mariera avec la femme qu’il a tant aimée aux premiers chapitres.

Stendhal tient donc maintenant son sujet, il n’a qu’à aller de l’avant et, comme toujours, les idées lui viennent à mesure qu’il s’abandonne plus complètement à son travail.

Après quelques semaines il voit avec une clarté nouvelle, non seulement l’intrigue centrale, qui est et qui demeurera « la peinture des premiers sentiments de Lucien pour madame de Chasteller », mais encore les milieux où vont évoluer ses personnages. Il peindra donc, à côté de son roman d’amour, la société ultra en province, les intrigues ministérielles à Paris et la cour de Rome. La division en trois volumes s’impose définitivement et pour le troisième Stendhal doit songer à reprendre les pages déjà ébauchées en 1832 sous ce titre : Une position sociale[1]. Du moins veut-il y

  1. Début d’un roman inachevé, publié pour la première fois chez Simon Kra par les soins diligents d’Henry Debraye.