chapitres est vrai ; mais les superlatifs de feu M. Desmazures gâtent tout. Racontez-moi cela comme si vous m’écriviez. Lisez la Marianne de Marivaux, et Quinze-cent-soixante-douze de M. Mérimée, comme on prend une médecine noire, pour vous guérir du Phébus de province. En décrivant un homme, une femme, un site, songez toujours à quelqu’un, à quelque chose de réel.
Je suis tout plein du Lieutenant que je viens de finir. Mais comment vous renvoyer ce manuscrit ? Il faut une occasion. Où la prendre ? Je vais chercher.
Écrivez-moi une lettre remplie de noms propres. — Le retour d’un congé est un moment bien triste ; je pourrais faire trois pages, pas trop mauvaises, sur ce thème. On se dit : Vais-je vivre, vais-je vieillir loin de ma patrie ou de la patrie ? cela est plus à la mode. Je passe toutes les soirées chez une marquise de dix-neuf ans, qui croit avoir de l’amitié pour votre serviteur. Quant à moi, elle est comme un bon canapé, bien commode. Hélas ! rien de plus, je n’ai pas davantage ; et, ce qui est bien pis, je ne désire pas davantage. »
Cette lettre nous intéresse d’autant plus qu’elle est toute pleine des propres théories de Stendhal sur le roman, de ces théories qu’il va tâcher d’illustrer lui-même, car