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CHAPITRE XLI

le jugement

Le pays se souviendra longtemps de ce procès célèbre. L’intérêt pour l’accusé était porté jusqu’à l’agitation : c’est que son crime était étonnant et pourtant pas atroce. L’eût-il été, ce jeune homme était si beau ! Sa haute fortune, sitôt finie, augmentait l’attendrissement. Le condamneront-ils ? demandaient les femmes aux hommes de leur connaissance, et on les voyait pâlissantes attendre la réponse.
Sainte-Beuve.


Enfin parut ce jour, tellement redouté de madame de Rênal et de Mathilde.

L’aspect étrange de la ville redoublait leur terreur, et ne laissait pas sans émotion même l’âme ferme de Fouqué. Toute la province était accourue à Besançon pour voir juger cette cause romanesque.

Depuis plusieurs jours, il n’y avait plus de place dans les auberges. M. le président des assises était assailli par des demandes de billets ; toutes les dames de la ville voulaient assister au jugement ; on criait dans les rues le portrait de Julien, etc., etc.

Mathilde tenait en réserve pour ce moment suprême une lettre écrite en entier