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les premiers pas

interrogé, et tous trois finirent par rire, comme auraient pu faire trois jeunes habitants d’un village au fond d’un bois.

Le lendemain, Julien assista à deux cours de théologie, et revint ensuite transcrire une vingtaine de lettres. Il trouva établi près de lui, dans la bibliothèque, un jeune homme mis avec beaucoup de soin, mais la tournure était mesquine et la physionomie celle de l’envie.

Le marquis entra.

— Que faites-vous ici, monsieur Tanbeau ? dit-il au nouveau venu d’un ton sévère.

— Je croyais…, reprit le jeune homme en souriant bassement.

— Non, monsieur, vous ne croyiez pas. Ceci est un essai, mais il est malheureux.

Le jeune Tanbeau se leva furieux et disparut. C’était un neveu de l’académicien, ami de madame de La Mole, il se destinait aux lettres. L’académicien avait obtenu que le marquis le prendrait pour secrétaire. Tanbeau, qui travaillait dans une chambre écartée, ayant su la faveur dont Julien était l’objet, voulut la partager, et le matin il était venu établir son écritoire dans la bibliothèque.

À quatre heures, Julien osa, après un peu d’hésitation, paraître chez le comte Norbert. Celui-ci allait monter à cheval,