CHAPITRE XI
l’empire d’une jeune fille
i Julien eût employé à examiner ce
qui se passait dans le salon le
temps qu’il mettait à s’exagérer
la beauté de Mathilde, ou à se passionner
contre la hauteur naturelle à sa famille,
qu’elle oubliait pour lui, il eût compris
en quoi consistait son empire sur tout ce
qui l’entourait. Dès qu’on déplaisait à
mademoiselle de La Mole, elle savait punir
par une plaisanterie si mesurée, si bien
choisie, si convenable en apparence,
lancée si à propos, que la blessure croissait
à chaque instant, plus on y réfléchissait.
Peu à peu elle devenait atroce pour
l’amour-propre offensé. Comme elle n’attachait
aucun prix à bien des choses qui
étaient des objets de désirs sérieux pour
le reste de la famille, elle paraissait toujours
de sang-froid à leurs yeux. Les
salons de l’aristocratie sont agréables à