Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, I, 1927, éd. Martineau.djvu/415

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les chiens ; mais je puis rencontrer dans cette chambre, sans veilleuse, M. de Rênal lui-même ou un étranger, et alors quel esclandre !

Le plus prudent était de se retirer ; mais ce parti fit horreur à Julien. Si c’est un étranger, je me sauverai à toutes jambes, abandonnant mon échelle ; mais si c’est elle, quelle réception m’attend ? Elle est tombée dans le repentir et dans la plus haute piété, je n’en puis douter ; mais enfin, elle a encore quelque souvenir de moi, puisqu’elle vient de m’écrire. Cette raison le décida.

Le cœur tremblant, mais cependant résolu à périr ou à la voir, il jeta de petits cailloux contre le volet ; point de réponse. Il appuya son échelle à côté de la fenêtre, et frappa lui même contre le volet, d’abord doucement, puis plus fort. Quelque obscurité qu’il fasse, on peut me tirer un coup de fusil, pensa Julien. Cette idée réduisit l’entreprise folle à une question de bravoure.

Cette chambre est inhabitée cette nuit, pensa-t-il, ou quelle que soit la personne qui y couche, elle est éveillée maintenant. Ainsi plus rien à ménager envers elle ; il faut seulement tâcher de n’être pas entendu par les personnes qui couchent dans les autres chambres.

Il descendit, plaça son échelle contre un