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de l’éditeur

dieu ! est-ce que jamais j’ai monté à votre fenêtre par une échelle ? Je l’ai souvent désiré sans doute, mais enfin, je vous en conjure devant Dieu, est-ce que j’ai jamais eu cette audace ? » Mais sa réputation était définitivement établie, ses protestations n’y pouvaient plus rien. Tout autant que sa conversation caustique, ce livre n’avait pas peu contribué à classer son auteur parmi les cœurs secs et les hypocrites dangereux. Il n’y a pas bien longtemps que ses commentateurs et ses admirateurs récents l’ont pu laver de ces reproches immérités.

Avec ce mélange de courage et d’indifférence qu’il témoignait à l’égard de son œuvre littéraire, Stendhal se remit bientôt au travail et pensa moins désormais à ce livre de son passé qu’à tout ce qu’il projetait d’écrire encore, voulant seulement profiter de son expérience pour réussir davantage s’il se pouvait les petites drôleries à paraître. De temps à autre, lors de ses loisirs, il lui arrivait cependant de reprendre le Rouge, notamment en 1831, en 1835, en 1838 et en 1840. Il inscrivait en marge de l’exemplaire qu’il relisait les corrections qui venaient sous sa plume. Il s’approuvait parfois : « Very well, séminaire », écrit-il par exemple. Par ailleurs il jugeait son style saccadé, sec, dur, et indiquait les passages où il fallait ajouter