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des libéraux : c’est pour cela que plusieurs étaient invités au dîner où Julien récita. Il aurait été puissamment soutenu contre le maire. Mais des élections pouvaient survenir, et il était trop évident que le dépôt et un mauvais vote étaient incompatibles. Le récit de cette politique, fort bien devinée par madame de Rênal, avait été fait à Julien, pendant qu’il lui donnait le bras pour aller d’une boutique à l’autre, et peu à peu les avait entraînés au Cours de la Fidélité, où ils passèrent plusieurs heures, presque aussi tranquilles qu’à Vergy.

Pendant ce temps, M. Valenod essayait d’éloigner une scène décisive avec son ancien patron, en prenant lui-même l’air audacieux envers lui. Ce jour-là, ce système réussit, mais augmenta l’humeur du maire.

Jamais la vanité aux prises avec tout ce que le petit amour de l’argent peut avoir de plus âpre et de plus mesquin n’ont mis un homme dans un plus piètre état que celui où se trouvait M. de Rênal, en entrant au cabaret. Jamais, au contraire, ses enfants n’avaient été plus joyeux et plus gais. Ce contraste acheva de le piquer.

— Je suis de trop dans ma famille, à ce que je puis voir ! dit-il en entrant, d’un ton qu’il voulut rendre imposant.