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commun. Ces pauvres enfants ne savaient comment témoigner leur joie de revoir Julien. Les domestiques n’avaient pas manqué de leur conter qu’on lui offrait deux cents francs de plus pour éduquer les petits Valenod.

Au milieu du déjeuner, Stanislas-Xavier, encore pâle de sa grande maladie, demanda tout à coup à sa mère combien valaient son couvert d’argent et le gobelet dans lequel il buvait.

— Pourquoi cela ?

— Je veux les vendre pour en donner le prix à M. Julien, et qu’il ne soit pas dupe en restant avec nous.

Julien l’embrassa, les larmes aux yeux. Sa mère pleurait tout à fait, pendant que Julien, qui avait pris Stanislas sur ses genoux, lui expliquait qu’il ne fallait pas se servir de ce mot dupe, qui, employé dans ce sens, était une façon de parler de laquais. Voyant le plaisir qu’il faisait à madame de Rênal, il chercha à expliquer, par des exemples pittoresques, qui amusaient les enfants, ce que c’était qu’être dupe.

— Je comprends, dit Stanislas, c’est le corbeau qui a la sottise de laisser tomber son fromage, que prend le renard, qui était un flatteur.

Madame de Rênal, folle de joie, cou-