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de l’éditeur

1er  septembre 1853, écrivait ceci : « Personne ne dira plus de mal du dénouement du Rouge qu’il n’en disait lui-même. » Lié par son modèle il ne voulait pas concevoir pour Julien une autre fin que celle d’Antoine Berthet. Avec quelle adresse alors il lui fit exécuter son crime comme sous l’empire d’une impulsion somnambulique. Quel psychiatre, quel observateur un peu familier avec les sursauts instinctifs et pleins de contradictions du cœur humain, quel lecteur attentif des faits divers passionnels viendra nier la vraisemblance de l’acte homicide de Julien Sorel et de ce retour d’adoration sentimentale pour sa victime qui en est le couronnement logique ? L’exaltation grandiloquente de Mathilde de La Mole peut paraître moins naturelle, mais Stendhal a toujours adoré ces étrangetés révélatrices des caractères durement trempés. Il devait s’en permettre un nouvel exemple bien autrement significatif en imaginant plus tard le personnage de Lamiel.

Stendhal a écrit avec Le Rouge et Le Noir un roman de mœurs et un tableau politique en même temps qu’un roman psychologique. Il a rapporté les conversations qu’il avait entendues dans les salons. Et il a mis en scène, sous leur nom ou sous un nom sup-