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préface

des caractères et du merveilleux spectacle d’une volonté qui sait triompher de difficultés en apparence invincibles, par le seul mérite de sa force, de sa souplesse et de son application constante, ceux-là reconnaîtront, en Stendhal, le maître le plus incontestable du roman moderne.

Car si Stendhal a utilisé abondamment l’anecdote que lui fournissait le procès Berthet, s’il a suivi les grandes lignes du drame et respecté, dans leurs linéaments, les caractères des principaux protagonistes, il y a du moins tellement ajouté au moyen de son expérience propre qu’il a vraiment recréé ce drame. Non seulement il enchaîne, explique, rend logiques tous les actes de ses personnages, les montrant conformes à leur tempérament et à leur éducation, mais surtout il construit, avec toute la rigueur de son esprit logicien, sur le terrain solide de sa perspicace observation.

Stendhal avait à vaincre d’autant plus de difficultés pour mener son roman à bien qu’il ne s’écarta pas d’un pouce des événements qui l’avaient inspiré. Il faut bien reconnaître qu’en plus d’un point cette rigide armature le gênait et le blessait, et tout particulièrement dans les dernières pages. Du reste il ne se dissimulait pas cette faiblesse, si nous en croyons Arnould Frémy qui, dans la Revue de Paris du