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et ton mari, tu lui dis tout, tu te perds. Songe que c’est avec ignominie qu’il le chassera de sa maison ; tout Verrières, tout Besançon parleront de ce scandale. On te donnera tous les torts ; jamais tu ne te relèveras de cette honte…

— C’est ce que je demande, s’écria-t-elle, en se levant debout. Je souffrirai, tant mieux.

— Mais, par ce scandale abominable, tu feras aussi son malheur à lui !

— Mais je m’humilie moi-même, je me jette dans la fange ; et, par là peut-être, je sauve mon fils. Cette humiliation, aux yeux de tous, c’est peut-être une pénitence publique ? Autant que ma faiblesse peut en juger, n’est-ce pas le plus grand sacrifice que je puisse faire à Dieu ?… Peut-être daignera-t-il prendre mon humiliation et me laisser mon fils ! Indique-moi un autre sacrifice plus pénible, et j’y cours.

— Laisse-moi me punir. Moi aussi, je suis coupable. Veux-tu que je me retire à la Trappe ? L’austérité de cette vie peut apaiser ton Dieu. Ah ! ciel ! que ne puis-je prendre pour moi la maladie de Stanislas.

— Ah ! tu l’aimes, toi, dit madame de Rênal, en se relevant et se jetant dans ses bras.