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dans le haut. Cela fera le plus vilain effet, ajouta le jeune évêque d’un air triste, et encore on me fait attendre !

— Monseigneur, je vais chercher la mitre, si Votre Grandeur le permet.

Les beaux yeux de Julien firent leur effet.

— Allez, monsieur, répondit l’évêque avec une politesse charmante ; il me la faut sur-le-champ. Je suis désolé de faire attendre messieurs du chapitre.

Quand Julien fut arrivé au milieu de la salle, il se retourna vers l’évêque, et le vit qui s’était remis à donner des bénédictions. Qu’est-ce que cela peut être ? se demanda Julien, sans doute c’est une préparation ecclésiastique nécessaire à la cérémonie qui va avoir lieu. Comme il arrivait dans la cellule où se tenaient les valets de chambre, il vit la mitre entre leurs mains. Ces messieurs, cédant malgré eux au regard impérieux de Julien, lui remirent la mitre de Monseigneur.

Il se sentit fier de la porter : en traversant la salle, il marchait lentement ; il la tenait avec respect. Il trouva l’évêque assis devant la glace ; mais, de temps à autre, sa main droite, quoique fatiguée, donnait encore la bénédiction. Julien l’aida à placer sa mitre. L’évêque secoua la tête.