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CHAPITRE XVII

le premier adjoint

O, how this spring of love resembleth
The uncertain glory of an April day ;
Which now shows alt the beauty of the sun
And by and by a cloud takes all away !

Two gentlemen of Verona.


Un soir au coucher du soleil, assis auprès de son amie, au fond du verger, loin des importuns, il rêvait profondément. Des moments si doux, pensait-il, dureront-ils toujours ? Son âme était tout occupée de la difficulté de prendre un état, il déplorait ce grand accès de malheur qui termine l’enfance et gâte les premières années de la jeunesse peu riche.

— Ah ! s’écria-t-il, que Napoléon était bien l’homme envoyé de Dieu pour les jeunes Français ! Qui le remplacera ? que feront sans lui les malheureux, même plus riches que moi, qui ont juste les quelques écus qu’il faut pour se procurer une bonne éducation, et pas assez d’argent pour acheter un homme à vingt ans et se pousser dans une carrière ! Quoi qu’on fasse, ajouta-t-il avec un profond soupir,