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le bois à brûler

d’un grand sang-froid au bon Fouqué, qui regardait l’affaire de l’association comme terminée, que sa vocation pour le saint ministère des autels ne lui permettait pas d’accepter. Fouqué n’en revenait pas.

— Mais songes-tu, lui répétait-il, que je t’associe, ou, si tu l’aimes mieux, que je te donne quatre mille francs par an ? et tu veux retourner chez ton M. Rênal, qui te méprise comme la boue de ses souliers ! quand tu auras deux cents louis devant toi, qu’est-ce qui t’empêche d’entrer au séminaire ? Je te dirai plus, je me charge de te procurer la meilleure cure du pays. Car, ajouta Fouqué en baissant la voix, je fournis de bois à brûler M. le…, M. le…, M… Je leur livre de l’essence de chêne de première qualité qu’ils ne me payent que comme du bois blanc, mais jamais argent ne fut mieux placé.

Rien ne put vaincre la vocation de Julien. Fouqué finit par le croire un peu fou. Le troisième jour, de grand matin. Julien quitta son ami pour passer la journée au milieu des rochers de la grande montagne. Il retrouva sa petite grotte, mais il n’avait plus la paix de l’âme, les offres de son ami la lui avaient enlevée. Comme Hercule, il se trouvait non entre le vice et la vertu, mais entre la médio-