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au curé de choses sérieuses. Quelquefois même, Mme de Miossens essayait d’engager Du Saillard à dîner et de ne lui dire que deux mots polis, l’un quand il entrait et l’autre à sa sortie. L’homme d’esprit s’amusait de ces prétentions et attendait patiemment que la duchesse eût besoin de lui. Dans la colère que lui donna le maître d’école, la grande dame fit appeler Du Saillard à l’instant, et n’eut pas même l’esprit de l’engager à dîner et de ne lui parler de Lamiel qu’à la fin du repas.

Du Saillard trouva l’affaire si mal engagée qu’il la jugea sans remède. Avant de parler de Lamiel, il eût fallu commencer par découvrir quelque abus dans l’école tenue par Hautemare. Là se trouvait la source de son bien-être et de son outrecuidance. On aurait menacé de fermer cette école, on l’eût même fermée au besoin ; alors Hautemare serait venu solliciter humblement l’admission de Lamiel au château. Le curé fit sentir à la duchesse, dans toute son amertume, la faute immense qui avait été commise en ne débutant pas par le consulter pour cette affaire ; puis il la laissa sans lui donner de conseil, dans le profond désespoir de sa vanité outragée par un manant.

La profondeur de son émotion ôtant à cette grande dame le peu de sens qu’elle