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l’amour, parurent à Lamiel des péchés d’égale importance.

Lamiel grandit ainsi, elle avait quinze ans lorsque les yeux de la duchesse de Miossens s’entourèrent de quelques rides. Nous avons oublié de dire que le vieux duc était mort, son fils qui avait succédé à son titre ne lui survécut que de quelques mois et la duchesse de Miossens qui était allée à Paris montrer son nouveau titre était revenue à Carville fort irritée du peu d’attention que le monde avait accordé à ce titre si longtemps désiré. Ses yeux donc s’entourèrent de quelques rides ; elle fut au désespoir de cette découverte. Un courrier expédié en toute hâte à Paris lui ramena l’oculiste le plus célèbre, M. de la Rouze. Cet homme d’esprit fut fort embarrassé, lors de la consultation faite le matin au lit de la duchesse, et il eut besoin de débiter une longue suite de phrases élégantes pour se donner le temps d’inventer un mot grec qui voulait dire affaiblissement causé par la vieillesse. Supposons que ce beau mot grec soit amorphose. M. de la Rouze expliqua longuement à la duchesse que cette maladie, provenant d’un froid subit à la tête, attaquait de préférence les jeunes femmes de trente à trente-cinq ans. Il prescrivit un régime sévère, remit à la